Histoire d'une citoyenne de DRARIA
Élise RIVET (Mère Elisabeth)
(19 janvier 1890 - 30 mars 1945)
Par Agnès Granjon
Élise Rivet naît le 19 janvier 1890 à Draria, près d’Alger, d’une mère d’origine alsacienne et d’un père officier de marine. Elle bénéficie d’une excellente éducation. Après le décès de son père en 1910, elle s’installe à Lyon avec sa mère et travaille un temps dans un salon de coiffure, cours Morand. Mais le 8 décembre 1912, à l’âge de 22 ans, elle entre au noviciat du refuge de Notre-Dame de la Compassion, 8 rue de l’Antiquaille à Lyon. Cette congrégation s’occupe de jeunes filles majeures issues de milieux défavorisés, délinquantes ou semi-vagabondes. Les sœurs œuvrent à leur redonner un sentiment de dignité personnelle tout en leur octroyant une formation professionnelle pour leur permettre de trouver du travail. Le 13 mai 1913, Élise Rivet prononce ses vœux et devient Sœur Elisabeth de l’Eucharistie. En 1917, elle prend la tête de la Section de la Providence qui regroupe des jeunes filles déjà formées. En 1920, elle est nommée maîtresse des novices. En 1926, elle prend la direction de la Providence, avant d’être élue Supérieure générale le 20 mars 1933. Elle sera renouvelée trois fois dans cette charge par les sœurs. Mère Elisabeth prend en effet son rôle très à cœur et se bat constamment pour la survie matérielle du refuge. En 1937 elle obtient l’accord du préfet pour ouvrir deux nouvelles sections, l’une pour accueillir les mineures délinquantes, l’autre les mineures vagabondes ou abandonnées à partir de l’âge de 3 ans.
Avec la découverte en 1930 sur le site du clos Lafon, mitoyen du couvent, d’un édifice gallo-romain qui pourrait être selon certains l’amphithéâtre où avaient été martyrisés les chrétiens, Mère Elisabeth se prend de passion pour l’archéologie. Sans moyens, elle entreprend des recherches quasi-clandestines avec l’aide d’un jardinier et des autres sœurs. Les débris récoltés au cours de leurs fouilles sont regroupés dans un petit musée que les religieuses ont installé dans un clos du couvent. Au printemps 1933, la municipalité d’Édouard Herriot décide de prendre les fouilles en main ; le chantier archéologique de Fourvière est officiellement ouvert le 15 avril 1933. Cela ne va pas sans perturber la vie quotidienne du couvent. Mère Elisabeth, qui défend avec ténacité les intérêts de sa communauté, obtient des subventions en compensation. Pour l’amadouer, le maire lui fait décerner les palmes académiques. A la fin de l’année 1933, les fouilles ont mis à jour le théâtre et l’odéon romains ; la vente de la propriété devient dès lors inéluctable. Mère Elisabeth négocie et obtient 3,5 millions de francs lors de la signature de l’accord de vente le 15 avril 1937. Il est prévu que les sœurs partent s’installer dans le Château du Diable, chemin d’Alaï. Le noviciat et la section des Préservées y emménagent rapidement. En attendant la réalisation de travaux de rénovation et d’agrandissement, les autres religieuses et une partie de leurs protégées restent à Fourvière jusqu’en 1943. Un local est cependant conservé à Fourvière par Mère Elisabeth.
A la suite de la défaite française de juin 1940, Mère Elisabeth s’engage très vite dans les actions de résistance. En 1941, elle entre en contact avec des membres de « Combat ». A la demande du colonel Chambonnet, elle cache des armes et des munitions à l’intérieur du couvent. Et en liaison avec le cardinal Gerlier, les différents locaux de la congrégation servent à cacher des enfants et des femmes juives. Ces dernières sont déguisées en religieuses. Mère Elisabeth gère conjointement ses activités de résistante et la direction de sa congrégation. Mais le 24 mars 1944, à la suite d’une dénonciation, des agents de la Gestapo viennent perquisitionner. Mère Elisabeth leur demande seulement « de ne pas toucher aux sœurs ni aux enfants ». La Gestapo découvre rapidement la cache d’armes. La sœur a eu la prudence de cacher son carnet d’adresses, ainsi que les archives du contre-espionnage de la résistance qui sont conservées au couvent.
Mère Elisabeth est emmenée à la forteresse de Montluc avec son assistante, mère Marie de Jésus. En prison, elle est nommée responsable du réfectoire où sont enfermées une quarantaine de femmes. Après trois mois de détention, elle est transférée au camp de Romainville, près de Paris. En tant que « grande criminelle de guerre », elle est déportée le 14 juillet 1944 au camp de transit de Sarrebrück. Elle arrive finalement à Ravensbrück après 4 jours de voyage dans un wagon à bestiaux. Au camp, Mère Elisabeth est affectée au block 14 puis au block 27. Elle est trop faible pour participer aux kommandos de travail et s’occupe de l’entretien avec les « tricoteuses ». Jusqu’à la fin, elle tente de protéger, d’aider et de rassurer les autres détenues, s’évertuant à faire en sorte qu’elles conservent leur dignité. Elle récite le chapelet et dit le dimanche les prières de la messe. Par l’intermédiaire d’une infirmière allemande, elle obtient des nouvelles des différents fronts ainsi qu’un peu de nourriture qu’elle donne aux autres détenues.
Le 26 mars 1945, très affaiblie, Mère Elisabeth se joint à un groupe de déportées sélectionnées pour être gazées. Le 30 mars, elle prend la place d’une mère de famille et est conduite à la chambre à gaz.
A titre posthume, Mère Elisabeth reçoit, le 10 novembre 1945, la Croix de Guerre avec étoile, avec la citation suivante : « Élise Rivet, agent de renseignements en territoire occupé, outre des services rendus aux Services spéciaux, avait eu de fréquentes relations avec l’armée secrète, cachant des armes et donnant asile aux gens poursuivis comme étant en infraction avec les lois raciales ou avec le service obligatoire du travail ». En 1991, le cardinal Decourtray introduit son procès en béatification. Le 17 avril 1997, la médaille des Justes lui est remise à titre posthume. Le 2 décembre 1979, une rue nouvellement tracée dans le quartier du Point-du-Jour, à Lyon, est inaugurée en son nom. Et en 1999 son nom est donné à une salle de l’Institut lyonnais des sciences de l’Homme.
Avec la découverte en 1930 sur le site du clos Lafon, mitoyen du couvent, d’un édifice gallo-romain qui pourrait être selon certains l’amphithéâtre où avaient été martyrisés les chrétiens, Mère Elisabeth se prend de passion pour l’archéologie. Sans moyens, elle entreprend des recherches quasi-clandestines avec l’aide d’un jardinier et des autres sœurs. Les débris récoltés au cours de leurs fouilles sont regroupés dans un petit musée que les religieuses ont installé dans un clos du couvent. Au printemps 1933, la municipalité d’Édouard Herriot décide de prendre les fouilles en main ; le chantier archéologique de Fourvière est officiellement ouvert le 15 avril 1933. Cela ne va pas sans perturber la vie quotidienne du couvent. Mère Elisabeth, qui défend avec ténacité les intérêts de sa communauté, obtient des subventions en compensation. Pour l’amadouer, le maire lui fait décerner les palmes académiques. A la fin de l’année 1933, les fouilles ont mis à jour le théâtre et l’odéon romains ; la vente de la propriété devient dès lors inéluctable. Mère Elisabeth négocie et obtient 3,5 millions de francs lors de la signature de l’accord de vente le 15 avril 1937. Il est prévu que les sœurs partent s’installer dans le Château du Diable, chemin d’Alaï. Le noviciat et la section des Préservées y emménagent rapidement. En attendant la réalisation de travaux de rénovation et d’agrandissement, les autres religieuses et une partie de leurs protégées restent à Fourvière jusqu’en 1943. Un local est cependant conservé à Fourvière par Mère Elisabeth.
A la suite de la défaite française de juin 1940, Mère Elisabeth s’engage très vite dans les actions de résistance. En 1941, elle entre en contact avec des membres de « Combat ». A la demande du colonel Chambonnet, elle cache des armes et des munitions à l’intérieur du couvent. Et en liaison avec le cardinal Gerlier, les différents locaux de la congrégation servent à cacher des enfants et des femmes juives. Ces dernières sont déguisées en religieuses. Mère Elisabeth gère conjointement ses activités de résistante et la direction de sa congrégation. Mais le 24 mars 1944, à la suite d’une dénonciation, des agents de la Gestapo viennent perquisitionner. Mère Elisabeth leur demande seulement « de ne pas toucher aux sœurs ni aux enfants ». La Gestapo découvre rapidement la cache d’armes. La sœur a eu la prudence de cacher son carnet d’adresses, ainsi que les archives du contre-espionnage de la résistance qui sont conservées au couvent.
Mère Elisabeth est emmenée à la forteresse de Montluc avec son assistante, mère Marie de Jésus. En prison, elle est nommée responsable du réfectoire où sont enfermées une quarantaine de femmes. Après trois mois de détention, elle est transférée au camp de Romainville, près de Paris. En tant que « grande criminelle de guerre », elle est déportée le 14 juillet 1944 au camp de transit de Sarrebrück. Elle arrive finalement à Ravensbrück après 4 jours de voyage dans un wagon à bestiaux. Au camp, Mère Elisabeth est affectée au block 14 puis au block 27. Elle est trop faible pour participer aux kommandos de travail et s’occupe de l’entretien avec les « tricoteuses ». Jusqu’à la fin, elle tente de protéger, d’aider et de rassurer les autres détenues, s’évertuant à faire en sorte qu’elles conservent leur dignité. Elle récite le chapelet et dit le dimanche les prières de la messe. Par l’intermédiaire d’une infirmière allemande, elle obtient des nouvelles des différents fronts ainsi qu’un peu de nourriture qu’elle donne aux autres détenues.
Le 26 mars 1945, très affaiblie, Mère Elisabeth se joint à un groupe de déportées sélectionnées pour être gazées. Le 30 mars, elle prend la place d’une mère de famille et est conduite à la chambre à gaz.
A titre posthume, Mère Elisabeth reçoit, le 10 novembre 1945, la Croix de Guerre avec étoile, avec la citation suivante : « Élise Rivet, agent de renseignements en territoire occupé, outre des services rendus aux Services spéciaux, avait eu de fréquentes relations avec l’armée secrète, cachant des armes et donnant asile aux gens poursuivis comme étant en infraction avec les lois raciales ou avec le service obligatoire du travail ». En 1991, le cardinal Decourtray introduit son procès en béatification. Le 17 avril 1997, la médaille des Justes lui est remise à titre posthume. Le 2 décembre 1979, une rue nouvellement tracée dans le quartier du Point-du-Jour, à Lyon, est inaugurée en son nom. Et en 1999 son nom est donné à une salle de l’Institut lyonnais des sciences de l’Homme.
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